1 nov. 2010

Insouciance

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Selon Robert :
Insouciance : état ou caractère de celui qui est insouciant. Syn. : détachement, indifférence, indolence. Balzac : « L’insouciance tient au désespoir ou à la résignation. »
Insouciant : 1) Qui ne se soucie pas de (qqchose). Indifférent, insoucieux, oublieux. 2) Qui ne se préoccupe de rien. Etourdi, frivole, imprévoyant, indolent, léger, négligent, nonchalant, sans-souci.

Tentative personnelle : état d’esprit caractérisé par une prise de distance avec ses soucis, jusqu’à les oublier momentanément. Synonyme : ne-pas-s’en-faisage.

Insouciance, insouciance, insouciance...
Laquelle ?
La mienne ou celle que j’ai cru observer ?

(Note : difficulté de diagnostic dans le second cas : un individu peut se juger insouciant lui-même, par essence, c'est à dire en permanence, ou à un moment donné par rapport à son état "habituel". Mais comment évaluer cet état d’esprit chez l’autre ? Je ne suis pas dans sa tête et ce que j'en perçois n’est probablement qu’une ombre de la réalité. Ce qui nous avance bien.)

Insouciance, insouciance, insouciance... Insouciance... Un sou science... Un saoul science... Un saoul scie anse...?

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Septembre 2009, Russie, quelque part au sud-est de Moscou.
La Volga, un bateau, une balade d’une journée. Départ dans le froid du matin. Le bruit de l’eau sur la coque, le bruit des moteurs qui ne couvrent pas le premier.
La lumière qui rase l’eau et l’eau qui s’évapore en une brume de surface.
L’air grisant, trop froid à cause de la vitesse. Le trop plein de froid qui absorbe le son. Silence.
Observation. Le bord du fleuve rouge et or. Automne. Contemplation.
On chercherait presque les dauphins.

Octobre 2009, Mongolie, quelque part à l’ouest d’Ulan-Bator.
Un lac à moitié gelé et un volcan éteint. Toundra rase-motte, combative. Sol sableux. Des chevaux trapus. Pas sauvages. Enfin pas trop. Soleil sur fin de balade. Fraicheur. Dernière ligne droite pour rentrer. Une plaine qui monte doucement vers un col. Descente vers le lac de l’autre côté. Une vague trace de chemin. Je parle oralement et mentalement à mon cheval. Des petits coups dans les flans pour aider. Sursaut. Cheval au galop. 30 secondes. Vent, vitesse. Je vole. Je ris. Mon sourire grand ouvert mange les mouches. Vent froid dans les yeux qui sourient. Battements de cils. Eau tiède chassée sur les joues. Bonheur.

Novembre 2009, Chine, centre de Pékin.
Une auberge de jeunesse. Un matin de début d'hiver. Neige.
La première de l’année. 10 cm. Pékin en folie. Le craquement doux sous les chaussures. On a presque peur de lui faire mal. Les bruits de la ville étouffés. Le froid qui n’est pas vraiment froid. Le ciel blanc et le soleil qui perce comme il peut. Temps suspendu.

Décembre 2009, Népal, Kathmandou, quartier de Swoyambhu.
Couleurs bruyantes et nez rouges : spectacle de clowns. Les moyens du bord. Une cour pour asseoir le public, un petit rideau pour se cacher derrière. Musique ! Courses poursuites, sauts, des ballons qui éclatent. Magie ! Une poule qui pond des œufs. Dans les poches des uns, derrière les oreilles des autres.
Bruits, mouvements, surprises.
Les centaines de paires d’yeux qui ne ratent rien. Des grands, des petits.
Rires. Cris. Rires. Cris. Encore et encore.

Mars 2010, Népal, Annapurna.
Derniers jours d’un trek qui en a compté quinze. Descente douce. Les paysages petit à petit moins hostiles. Une rivière dans le fond plat de la vallée. Galets.
Traversées de rivières. Chaussures et chaussettes ficelées sur le sac. Pantalon retroussé. Pêche aux moules. Presque. Pieds sur les galets. Mal aux pieds. L’eau froide qui fait mal. Ca serre. Ne pas rester trop longtemps. Ca glisse. Ne pas tomber. Super mal aux pieds. Comme dans un étau. Vite, sortir. Le pied qui reprend vie hors de l’eau. Lentement. Bonheur. Étudier le bout de rivière qui suit. Recommencer.
Paumée toute seule au milieu de rien. Je me prends pour Robinson. Rires.

Avril 2010, Népal, Gurje, 25 km au nord de Kathmandou.
Sortie « Martine en classe verte ». Un petit village en pente. Murs en terre. Toits en bois et paille. Des ados, exilés malgré eux en ville, sont de retour à la campagne.
Soleil. Rivière encaissée. Jungle verte tout autour. Bienveillante. Petite cascade. Eau claire. Paradis. Peut-être des sangsues, aussi. Mais tant pis.
T-shirts et pantalons volants. Ou pas. Habillé ça marche aussi. C’est comme on veut. Plouf ! Rires. Cris. Tentative de leçon de natation dans un mètre vingt d’eau. Sauts dans tous les sens. Hurlements. Liberté. Eau boueuse. Archi boueuse. Arrosages, éclaboussures. Énormes sourires. Énormes rires.

Avril-Mai 2010, Népal, Kathmandou, quartier de Swoyambhu, début d’été.
Nuit tombante. Les lucioles clignent de leur derrière jaune fluo en volant au raz des herbes. Tapis de lumières mouvantes. Des vagues. L'océan. Magique. Envie que ça dure toujours.
Arrêt. Concentration. Application de ceux qui essayent de les attraper au vol. Réussite. Luciole enfermée dans une prison de doigts tout chauds. Observation entre les doigts. Irréel. Admiration. Rires. Interruption. Faut y aller. On reviendra demain.