27 oct. 2011

Allocution du soir, bonsoir.

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De Mr Sarkozy, ce soir 27/10/2011 : "Moins d'assistanat et plus d'investissement. Voilà ce vers quoi il faut aller."
Difficile de s'opposer au vu des mots employés.

Sauf qu'une fois décryptage fait, ça donne : "Moins d'implication de l'Etat, et plus du privé".
D'un coup, les choses sont plus claires, on sait de quoi on parle et on peut commencer à discuter.

Traduction effectuée grâce au travail de la Scop Le Pavé, notamment sur la manipulation de l'opinion par la prise de contrôle de la langue :
"Un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement, la domination s’appelle partenariat, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines et l’aliénation s’appelle projet."
http://www.scoplepave.org/la-culture


Edit du 30/10/2011 :
Pfffiou... Pépite du soir bonsoir... Celle-là résume les choses de façon si abrupte que j'en ai froid dans le dos :
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots »
- Jean Jaurès -

2 commentaires:

  1. La grande Stéf11/20/2011 11:48 PM

    Effectivement, ça fait froid dans le dos.... Crois-tu qu'entre ce que les anciens mots désignaient et les nouveaux mots, c'est vraiment exactement identique ? J'espère (je me leurre peut-être moi-même en pensant) que non... même si l'on est évidemment loin du monde merveilleux de l'utopique perfection (et de celui des Bisounours) en ce bas monde.

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  2. Dans la tête des gens les nouveaux mots ne renvoient pas à la même chose, ou en tout cas n'amènent pas à penser de la même façon. Ou plutôt, d'ailleurs, ils amènent à ne plus penser. Dans les têtes, les problèmes n'existent plus, alors que la réalité, elle, est restée identique et les problèmes sont toujours là.

    Un exemple : dans les années 60, ceux qui sont aujourd'hui qualifiés de "défavorisés", étaient appelés "exploités". Le mot était utilisé par les travailleurs sociaux, les médias, etc., ou plutôt justement, si, avec un souci : le terme d'"exploités" renvoie à un processus qui est celui de l'exploitation, et s'il y a des "exploités", c'est qu'il y en a des "exploiteurs". On en pense ce qu'on veut, mais en tout cas on comprend et on peut critiquer cet état de fait.

    En pensant avec le terme "défavorisés" c'est complètement différent car "défavorisés" ça ne renvoie pas à un processus mais à un état. La "défavorisation" ça n'existe pas et on ne peut pas désigner de "défavoriseurs".
    Ça donne une impression de "faute à pas de chance". Le système marche bien pour tout le monde, sauf quelques-uns. Bon. On ne peut rien y faire, c'est comme ça. Circulez, y'a rien à voir.

    Affaiblissement du discernement grâce au changement des mots mis à disposition pour penser le monde. Voilà la thèse de certains linguistes, philosophes et autres.

    Après, est-ce que la réalité a évoluée ne serait-ce qu'un tout petit peu pour peut-être légitimer ce changement de mots, ou est-ce qu'elle est restée exactement identique...?
    (ou bien est-elle pire ? car il faut considérer cette hypothèse aussi)

    Les écarts entre riches et pauvres n'ont fait qu'augmenter depuis 30 ans, la façon dont on nous parle d'économie (et de la dette) me fait penser qu'on nous manipule, et les nouveaux mots de l'éducation nationale vont dans le même sens, celui de la manipulation de l'opinion.
    Petit exemple pour le fun (entre guillemets, les mots actuels) :
    Instituteur > Enseignant > "Sachant".
    Elève > "Apprenant"
    (On passe à la trappe qu'on a affaire à des êtres humains avec leurs spécificités, leurs problèmes personnels. Plus rien de ça, seulement des fonctions, presque des machines. Un qui sait, l'autre qui apprend. Alors qu'on sait bien que dans la réalité c'est plus compliqué que ça.)
    Cancre > Elève en échec scolaire > Elève en réussite différée > "Apprenant en réussite différée".
    "ARD", voilà la nouvelle dénomination des élèves en grande difficulté à l'école parce que le système ne leur convient pas.
    Mais pour ne pas avoir à reconnaitre que le système ne convient pas à tous, que le système ne marche pas bien, alors on fait disparaitre le terme d'"échec scolaire" du vocabulaire et hop, problème réglé. Finie la notion d'échec, elle n'existe plus, il n'y a plus que de la réussite, différée certes, mais réussite quand même.
    La réalité est restée là même, mais on ne la pense plus tout à fait pareil.

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