28 janv. 2017

Que vous le vouliez/voyiez ou non...

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" A l'école, on a peur et on apprend à avoir peur. C'est un régime de peur intégrale.
Il y a toutes sortes de peurs quotidiennes bien ­sûr, mais parlons de cette peur globale qui sous-tend ce système ­ et il s'agit forcément de la peur qui domine toujours toutes les autres ­ : la peur de mourir.
Cette peur suprême est précédée de la peur de l'exclusion sociale, mais on sait très bien avec quelle célérité, on passe de l'une à l'autre, et comment finalement elles se confondent toujours anthropologiquement.

Chaque scolarité  répond au schéma animal et dogmatique (le mot est archi-­faible) suivant : « Je dois apprendre, et vite, je dois savoir, c'est ­à­ dire savoir répondre correctement aux questions en fonction du modèle, c'est ­à­ dire me conformer et obéir, pour avoir des diplômes, qui me permettront ensuite d'avoir un "travail", un "métier", lequel me rapportera de "l'argent" (plus ou moins selon si j'ai bien travaillé à l'école ou pas) et par ce moyen, je serai accepté, je serai à l'abri du besoin, je ne dormirai pas dans la rue et j'aurai de quoi de manger. Et si j'excelle, je serai récompensé, je pourrais même vivre dans le confort, voire dans le luxe.
Ma scolarité réussie est ce qui m'éloigne de celui   qu'on   appelle "un   SDF", de la déchéance, de l'absence de toit et de nourriture, et me rapproche de la reconnaissance des autres et donc de la sécurité matérielle et affective. Si j'échoue à l'école, si je suis un raté, je pourrais en mourir, comme ce SDF mort de froid. Je finirai tout seul, à manger dans les poubelles, sans dents et ma vie sera très brève, remplie de souffrances physiques et morales. »

Tous les   adultes,   en   vertu   de   ce   "réseau   de   mafiosi"   dont   parle   Léandre Bergeron, sont de connivence pour entretenir ce schéma dans les enfants. Ha, cet amour­-menteur pour les enfants ! Je te fais peur pour que tu obéisses et que tu te conformes, mais je t'aime. L'amour n'est qu'un outil de premier choix, parmi les outils de servitude : "c'est pour ton bien", parce que je t'aime.  [...]  "

--- Récupéré chez descolarisation.org ---

Pour les sceptiques ou ceux qui pensent que le trait est grossi, je tiens à disposition le témoignage d'un enfant de 10 ans, effondré parce qu'il a "des croix" sur son cahier de comportement, et que "après, les entreprises elles vont le savoir, et je ne vais jamais avoir de travail".

Si vos enfants vous disent qu'à l'école ils n'ont pas peur, jamais, au choix :
1)  ils sont habitués, c'est leur régime de croisière, ils ne s'en rendent plus compte : les appréhensions ou les intimidations qui émaillent leur vie quotidienne, il n'appellent plus ça "peur" ;
2)  ils se protègent (pas bon, le retour parental, si on dit qu'on a peur à l'école : "Mais nôôon... Pourquoi tu aurais peur ? Je la connais la maîtresse, elle est gentille" ou autre phrase qui ne laisse pas de place à l'autre pour vraiment dire. Et il y a l'embarras du choix dans ce domaine. "Moi à l'école je n'avais pas peur, et puis, tu es grand maintenant" ... ... ... ...)


Comme disait Albert Einstein : "La folie, c'est de faire toujours la même chose, et d'espérer un résultat différent."
Ce que, avec l'école, on fait très bien, à savoir : espérer une (a-)société différente, moins fragmentée, moins repliée, plus humaine, plus solidaire, plus tout, en continuant à imposer l'expérience de la soumission et de la compétition dès tout petit, en continu. Ça serait drôle si ça n'était pas si triste et dingue d'incohérence.

Mais bon, on ne va pas blâmer (que) l'école, comme si n'était elle le problème et que sa suppression était la solution. Alors qu'elle est juste le (un des) résultat(s) des conceptions et ces croyances autour de l'enfant, qui règnent dans les esprits du peuple des adultes. Et donc hop, l'école existe. Avec le brillant concours des propres peurs des adultes.
"Méfie-toi de tes idées, elles sont le commencement de tes actions."  -  Proverbe chinois -

Lettre ouverte :
Mon chéri, je ne t'envoie pas à l'école (et même si je vois bien que tu es en train de t'y éteindre ou que ça te détruit, mon pauvre chou) pour ton bien. Même si c'est ce que je dis tout le temps, que c'est pour ton bien, que c'est une belle chose l'école, que c'est important pour toi. En vrai mon chéri, c'est important pour moi.
Je t'y envoie parce que je ne te crois pas capable de savoir mener ta vie avec tes propres décisions. Tu es trop petit ! Tu ne peux pas savoir ! Alors que moi, je sais. Je crois qu'il faut que je continue à te fabriquer ta vie, à te dire de faire comme ci et faire comme ça. Je crois que sans moi, sans d'autres qui te disent ce que tu dois faire, tu n'es pas capable d'avancer. Je te vois incapable alors je t'envoie là pour qu'on te forme, pour que tu apprennes.
Et puis j'ai peur de ce qui se passerait si j'écoutais vraiment ce que tu me dis, si je m'ouvrais à ça, à l'idée de faire autrement, à l'idée que tout est possible. J'ai peur de te faire confiance et te laisser décider pour ta propre vie. J'ai peur de ce que les gens penseraient, j'ai peur de comment on nous regarderait, j'ai peur des questions, j'ai peur de ce que tu pourrais devenir. J'ai des films dans ma tête, sur ton avenir, et des phrases sur ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Et j'écoute ça. Te laisser libre de vivre ce que tu as à vivre me fait une peur que je ne veux pas regarder, même pas y jeter un oeil. Je fais ce qu'on me dit, et te demande de faire ce que je te dis. J'ai peur.
Et je t'impose des choses, et je t'envoie à l'école. En dépit de mes tripes qui savent, elles, la violence que je te fais (et me fais) quand je t'oblige à te soumettre.